L’anniversaire est un objet difficile à appréhender, évidence et mystère à la fois. Il s’impose à chacun lorsque l’heure est venue, même à ceux qui tentent de l’ignorer. Il est pluriel, tant la signification du rituel est subjective, tant sa valeur est propre à chacun.
Pour Hors Pistes, les deux duos d’artistes Hippolyte Hentgen et John John embrassent la complexité de ce rituel. Pendant trois semaines, leur dispositif imbrique film, dessin, performance, sculpture pour dresser, sous les auspices d’une pratique ethnologique fantasque, un inventaire mouvant des multiples composantes de l’anniversaire. Pour tenter de cerner, dans tous les sens du terme, cette cérémonie. L’espace combine trois ensembles : l’installation évolutive d’un calendrier au sol et de ses vitrines, la baie-vitrée et le panoramique, véritables sculptures activées par les artistes lors des performances, et l’espace de projection de films. L’écriture et le dispositif se rassemblent donc autour de la question de l’anniversaire. Les deux posent les questions du document ou de l’archive, de la mémoire. Il s’agit pour les quatre artistes de constituer un ensemble de tableaux dont la valeur image prend tout son sens au travers de leur animation et de leur rapport au corps. Dans cet espace protéiforme, l’anniversaire se dévoile dans les écarts, se prête au jeu de la mise en scène et de la dérive.
Pour nourrir leurs films et leurs performances, Hippolyte Hentgen et John John font le choix de l’étude d’une pluralité de voix, qu’elles réinvestissent et se réapproprient : elles rencontrent des professionnels dont le métier encadre la célébration de l’anniversaire, ou encore invitent des artistes à écrire des chansons, des textes, des réflexions à ce propos. Et tout cela sans qu’elles n’oublient de prendre en charge cette grande notion effrayante que le rituel de l’anniversaire tente de rationnaliser : celle du temps qui passe.