La galerie Semiose est heureuse de présenter The Minotaur’s Daydream, une exposition curatée par l’artiste Anthony Cudahy, qui réunit dix artistes américains, certains d’entre eux exposant à Paris pour la première fois. Ces artistes viennent d’horizons et de générations différentes, offrant au monde des œuvres qui témoignent de parcours de vie multiples, qui nous parlent de migrations, de rencontres avec les autres, humains ou animaux, de rêves et de souvenirs projetés sur les murs du labyrinthe. Dans ce lieu qui leur est propre, qu’Anthony Cudahy appelle « une étendue hors de l’espace et du temps », qu’on pourrait aussi appeler leur psyché, leur mémoire, leur histoire personnelle, ils s’emploient à composer et recomposer les images et les signes qui les habitent. Bien qu’infiniment personnel, ce lieu peut devenir un terrain commun grâce aux dialogues créés par l’exposition.
« Je mentirais si je ne disais pas que, au cours des trois dernières années, je me suis souvent trouvé dans une familiarité grise, quelque chose qui ressemble à ce que la romancière Maria Stepanova appelle “avoir du monde une vision évoquant l’image d’un appartement que l’on vient de vider”. Il y a une paranoïa qui infléchit le banal, et le banal coule à flot. L’esprit est l’endroit où je suis. Non pas au présent, mais entre un passé qui précède une fracture et l’anticipation anxieuse de l’avenir. L’esprit est un labyrinthe rempli de pièces récemment abandonnées qui résistent à la sortie. Je pense à un minotaure qui s’ennuie, seul dans son labyrinthe, en train de rêvasser. À l’opposé de cette image, j’ai lu récemment que les oiseaux sont plus créatifs dans leurs chants lorsqu’ils sont dans un environnement calme et silencieux. L’esprit égaré dans ces pensées, j’ai tenté de concevoir une exposition qui rassemble dix artistes, chacun d’entre eux se heurtant formellement et émotionnellement aux murs et cherchant à les repousser. Certains ornent amoureusement les murs du labyrinthe, d’autres projettent leur échappée dans les étoiles. Stepanova affirme également que “l’auteur entreprend de cartographier un lieu où il ne veut pas revenir”. Je me demande dans quelle mesure cela est vrai. Dans l’ensemble des œuvres de cette exposition, les artistes ont utilisé des limites formelles et des cadres conceptuels pour indiquer une étendue hors de l’espace et du temps, où la logique de l’enchevêtrement conduit à une certaine liberté. »
— Anthony Cudahy