L’exposition Les Chambres de Verre se construit comme une déambulation au fil d’un parcours qui prend le pari de résumer en un même espace l’effervescence créatrice qui a habité les murs de la Casa de Velázquez durant toute une année. Les artistes ont eux-mêmes sélectionné les œuvres les plus représentatives de leurs recherches actuelles, offrant aux spectateurs non seulement le résultat de leur travail en résidence mais également, en filigrane, un aperçu des processus en jeu dans l’intimité de l’atelier.

Nous nous immergeons ainsi, avec Jeanne Lafon, dans un Madrid qui se fait terrain d’étude privilégié pour repenser la psychosociologie de l’environnement urbain. De leur côté, les personnages de Félix Deschamps Mak jaillissent et dévorent la toile, interrogeant par leur présence même les notions d’espace et de lieu. Sociologie de l’intime, également, avec Assia Piqueras qui convoque ses ancêtres espagnols en terres péruviennes pour interroger le colonialisme et ses conséquences. Le film de Manuel Abramovich évoque quant à lui ces récits normatifs qui entravent et stigmatisent les corps. La pièce sonore de Gabriel Sivak nous fait voyager jusqu’à la Pampa sudaméricaine, en laissant transparaître les couleurs de son processus créatif.

Le corps, comme un trait d’union puisqu’il nous amène chez Laurent Proux à être pensé comme un élément architectural, déformé et réarrangé. Puis c’est l’idée même de frontière qui surgit avec le travail de Milena Charbit, explorant à la fois sa matérialité et sa conceptualité. Un thème également présent chez Arash Fayez, qui réfléchit aux questions d’émigration, d’apatridie et d’entre-deux. Les maquettes d’Antoine Nessi viennent, elles, nous parler de la mécanisation de l’expérience humaine en puisant dans l’archéologie industrielle.

Une hybridation des formes que l’on retrouve dans les volumes anthropomorphiques de Delphine Pouillé qui mettent en tension le vif et l’inerte en s’inspirant des peintures rupestres du levant. Avec Stéphanie Mansy, c’est l’intérieur de la surface que l’on explore à travers la gravure et le travail plastique du papier, conçu comme un lieu de mémoire. Connivence de la matière chez Alba Lorente Hernández qui lacère et érode le medium pour en faire surgir une nouvelle peau.

Pour sa part, Manu Blázquez rend, avec la sobriété et le silence de ses images, un émouvant hommage à l’artiste conceptuelle française Aurélie Nemours. Le montage cinématographique devient en lui-même un vecteur et une matière pour Guillaume Lillo qui convoque notamment la question du deuil à travers de nouveaux modes d’expression, inventifs et sensibles. Enfin, Élodie Seguin nous livre les fruits de son travail sur la couleur et du nuancier qu’elle compose

Artistes : Manuel ABRAMOVICH - Manu BLÁZQUEZ - Milena CHARBIT - Félix DESCHAMPS MAK - Arash FAYEZ - Jeanne LAFON - Guillaume LILLO - Alba LORENTE HERNÁNDEZ - Stéphanie MANSY - Antoine NESSI - Assia PIQUERAS - Delphine POUILLÉ - Laurent PROUX - Élodie SEGUIN -  Gabriel SIVAK