En septembre 2023, la Galerie de Sèvres présente un ensemble inédit de 11 vases peints par Françoise Pétrovitch, figure majeure de la scène artistique contemporaine.

Entre 2007 et 2010, l’artiste réalise pour la Manufacture de Sèvres un travail de sculpture dont une œuvre monumentale. Puis, en 2013, elle conçoit également un Service de Fables en édition numérotée. Cette nouvelle collaboration est l’occasion pour elle de s’approprier des formes de vases emblématiques de la Manufacture où les personnages émanant de son univers onirique prennent vie en rouge et bleu sur le fond blanc de la porcelaine de Sèvres.

Artiste aux pratiques larges — gravure, peinture, sculpture, céramique, verre, vidéo, livres... — Françoise Pétrovitch joue pour cette série entre les formats, du majestueux avec le grand Charpin (120 cm) au délicat avec le vase Mayodon, de taille plus modeste (30 cm).

Assistée par les artisans d’art de la Manufacture, elle a su s’emparer avec virtuosité des techniques de peinture sur céramique. Celle-ci doit être appliquée directement sur la surface poreuse et toute en rondeur des vases, sans possibilité de repentir. Françoise Pétrovitch peint d’un geste assuré ses motifs et images récurrentes — mains seules ou cachant les visages, association de l’humain et l’animal — dans une palette de couleurs bleu et rouge chatoyantes. Ces couleurs dites de grand feu, cuisant à haute température, prennent leur teinte définitive après cuisson. Aussi l’artiste peint pratiquement à l’aveugle avec, pour seules références, les essais préalables : une contrainte qui est aussi source d’émerveillement.

Le style singulier de Françoise Pétrovitch se déploie avec une grande liberté et une grande maîtrise. Ses personnages au regard parfois distant ou même caché semblent tenir le monde à distance. Ces figures insaisissables, souvent adolescentes, permettent à Françoise Pétrovitch d’aborder des thématiques qui lui sont chères : la transformation des êtres, les incertitudes, les espaces d’entre- deux.

« J’ai laissé visible la forme des vases afin que l’importance du blanc intact de la porcelaine évoque le blanc de la feuille de papier. Les figures adviennent de cet espace avec un geste direct sans reprise. Je voulais une similitude avec mes dessins à l’encre. La précision du trait émaillé et les transparences de l’émail révèlent la profondeur des motifs. » Françoise Pétrovitch