Cette nouvelle exposition personnelle d'Anne Brégeaut consacre le singulier déploiement de cette artiste française, dont l'oeuvre, sucrée en apparence, est âpre et dure en réalité.

            Qu'elles soient peintures, objets ou vidéos ; fragiles ou monumentales, les oeuvres d'Anne Brégeaut dégagent toujours une douceur trouble. Il s'agit, en elles, de toucher au bonheur que l'on trouve à jouer des rôles, à s'oublier dans des gestes et des comportements systématiques, comme ceux que l'amoureux attendrait d'une bonne amante. Mais voilà la rançon de la modernité : celle des philosophies du soupçon comme celles de Marx, Nietzsche, ou Freud, qui ont mis des mots sur ce que nous ressentions, parfois, par les seules vicissitudes de la vie. Vanité des attachements et des relations, on s'aperçoit alors d'un coup, que tout ce en quoi on avait cru jusque-là n'était que fantasme et illusion. A l'image d'un bonbon qui se serait couvert de poils à force de l'avoir trop longtemps conservé dans la poche, on se surprend ici à gouter, sous l'appétissant couvert de la douceur, la rugosité des projections mentales.

            Récemment présentée sur le stand Semiose galerie lors de la FIAC 2010 en octobre dernier, cette oeuvre a largement été mise en lumière, parallèlement à sa participation à l'exposition anniversaire des 5 ans du MAC/VAL, Vitry sur Seine. On notera également, la récente publication d'une monographie qui revient sur l'oeuvre récente d'Anne Brégeaut, faisant suite au cycle d'exposition qui lui a été consacré respectivement au Parvis, Tarbes et au Granit, Belfort en 2009.