C’est dans une ambiance d’aube, avant qu’advienne le soleil, que Laurent Le Deunff nous plonge avec sa nouvelle exposition au Parvis intitulée : La grisaille persiste encore, avec toutefois une possibilité d'éclaircies

Ce titre en forme de bulletin météo surprend, mais il correspond bien à l’imaginaire espiègle de l’artiste ! 

Sculpteur et dessinateur, aussi habile avec le bois, le bronze, le ciment, que le fusain, le crayon et le papier mâché, Laurent Le Deunff navigue sans hiérarchie ni dogme, entre noblesse et prosaïsme des matériaux comme des formes.  

Piochant dans un répertoire de formes liées à la nature et à l’animalité, Laurent Le Deunff constitue depuis de nombreuses années un bestiaire insolite constitué de chats, de hiboux, de castors, d’escargots ou de limaces. Héros ordinaires qui peuplent nos paysages et jardins. Parfois, ce sont plutôt les concours de sculptures sur bois à la tronçonneuse que l’artiste va révérer ! Comme avec ses séries d’ours, taillés au corps à corps directement dans le billot de bois. Ou des artefacts figuratifs qui procèdent souvent d’une sorte de métissage utilitaire, un peu comme si l’artiste déroulait ses formes selon le principe du cadavre exquis : Un blaireau devient ainsi fontaine, un hibou... un barbecue. 

Au Parvis, dans le white cube intégral que constitue l’espace d’exposition, Laurent Le Deunff va s’amuser à faire entrer pour la première fois le dehors dans le dedans par l’apparition saugrenue d’un sous-bois envahi par la brume d’un matin d’hiver.  

Plongées dans la pénombre, diverses sculptures animalières se dévoilent au fur et à mesure de l’apparition, puis de la disparition, de l’épais brouillard : un hibou support de plantes « insomniaques », une marmotte fontaine à eau et quatre autres sculptures animalières donnant chacune naissance à un arc-en-ciel semblent abandonnées sur un tapis de d’écorces d’arbres, de feuilles et de branches éparses.  

Au fond l’espace, un terrier à taille humaine cache peut-être un animal inféodé au monde souterrain ? Charge au visiteur de se promener dans ce chaos végétal pour y découvrir ce qui s’y dissimule…  

Si l’exposition de Laurent Le Deunff puise ici dans l’enchantement du couvert d’une forêt traversée d’ombres et de lumières, elle n’est pas seulement l’expression d’une nostalgie romantique, mais plutôt la revendication de sa préoccupation écologiste.

Sa force est alors de nous faire passer la pilule en douceur ! A moins que l’on ne s’en étrangle en riant ?