Anne Brégeaut tentait d'apprivoiser l'ennui : celui qui s'installe dans toute relation au monde et plus particulièrement entre deux amoureux ; ce sentiment de vide qui menace deux protagonistes d'une histoire qui se veut sans fin, à l'image de l'animation Happy End où deux clowns longent une plage... Indéfiniment. Mais cette gravité n'est pas légère, bien plutôt pesante car l'image du couple, chez Anne Brégeaut, reflète la solitude des êtres au sein des relations interpersonnelles. « Il m'aime, un peu, beaucoup, à la folie, passionnément, pas du tout. Il m'aime... », mais De toute façon j'aime personne. Véritables réactions à la vanité du temps et de l'espoir, les oeuvres se construisent inlassablement sur la dualité qui anime les limites du sentiment, allant du désir à la frustration et au manque comme dans sa vidéo intitulée Les mains. Elles se frôlent, se rapprochent sans jamais réussir à ne former qu'un, corporel et temporel. Aujourd'hui Anne Brégeaut découvre, derrière le vide, le trop-plein du temps qui envahit. Dans une tentative perpétuelle de compréhension du sentiment comme entité, sa série de gouaches colorées expérimentent la fusion des contradictions: du positif et du négatif, ou encore du sage et du fascinant. L'artiste dessine des fonds aux motifs attirants et poétiques, tels que des fleurs ou encore des papillons, auxquels elle confronte un sujet central. Participant d'un onirisme viscéral, l'oeuvre Maman m'avait bien dit que notre histoire serait un échec rassemble ainsi l'image d'une opération chirurgicale sur fond de pâtisseries. Si les dernières oeuvres d'Anne Brégeaut témoignent de la violence et du dégoût, sous-jacents à tout sentiment d'attirance et de désir, c'est qu'elles posent avant tout le doute quant à la réalité même des choses.