Du jeudi 5 octobre 2023 au vendredi 26 janvier 2024, la Fondation présente Je ne suis pas ce que tu vois de moi, une exposition articulée autour de plusieurs regards portés sur le corps, le féminisme et le genre. Partant d’une installation réalisée par Ashley Hans Scheirl et Jakob Lena Knebl, elle se fait le relai de regards discursifs, mettant en lumière des expressions du corps et du genre négociées en marge des cadres imposés par les sociétés hétéronormatives et hétérosexistes.
The Green Lady réalisée par Ashley Hans Scheirl et The So-Called Money Shot de Jakob Lena Knebl constituent ce que le duo appelle une Soft Machine, un espace hétérotopique mêlant architecture, design, arts plastiques et mode, entre autres. Les corps y sont éclatés, mis en scène, juxtaposés, hybridés, en perpétuelle transformation. Dans le prolongement du Manifeste Cyborg de Donna Haraway, ils transgressent les normes et conventions sociales établies pour célébrer une fluidité des genres et des identités mais aussi des techniques et médiums artistiques (« My art is « trans » : transgender, transgenre, transmedium », Ashley Hans Scheirl).
À partir des questionnements qu’engendre cet espace de résistance, nous avons souhaité mettre en lumière différentes postures critiques, souvent féministes, qui, par le biais du corps agissant et d’expériences vécues, interrogent la manière dont les constructions sociales et les codes qu’elles engendrent façonnent nos comportements, nos langages et expressions de soi.
Discursives, réflexives, politiques, polémiques, les œuvres exposées élaborent différentes stratégies de résistance et d’opposition : la performance et le détournement des clichés et stéréotypes genrés ; la mise en lumière de corps invisibilisés ; la réappropriation des violences de tout type, employées comme outil de création et support de réparation ; la subversion et l’émancipation des représentations du corps.
Articulée autour du corps et de sa représentation socialement déterminée, chacune pointe une expérience personnelle ou partagée qui, dès lors qu’elle est désignée et mise en forme, devient politique (« the personnal is political »).
À travers performance, peinture, sculpture, installation, photographie, les différent·es artistes présenté·es ébranlent les hiérarchies traditionnelles et sapent les cadres normatifs établis. Leurs pratiques artistiques ouvrent des espaces de discontinuité où s’implantent des récits alternatifs et pluriels, des histoires décentralisées, décalant le regard de la norme vers ses marges.
Je ne suis pas ce que tu vois de moi met en lumière l’expression de subjectivités dissidentes et réflexives, prolongeant les questionnements sur le corps et ses images abordés lors de notre précédente exposition Tous ces regards me détournent de moi. Elle convoque des questions chères à la fondation et à la collection qui, durant ces vingt dernières années, n’ont cessé de se nourrir des regards discursifs et engagements des artistes contemporain·es.
Les artistes exposé·es : Marina Abramović, Kader Attia, Romain Bernini, Jonny Briggs, Nina Childress, Tracey Emin, Nina Mae Fowler, Nan Goldin, Oda Jaune, Lebohang Kganye, Phumzile Khanyile, Jakob Lena Knebl, Senzeni Marasela, Roghayeh Najdi, Nazanin Pouyandeh, Valérie Oka, Ashley Hans Scheirl, Amadou Sanogo, Sandy Skoglund, Mircea Suciu, Jeanne Vicérial, Bri Williams, Philemona Williamson...