Françoise Pétrovitch investit le chœur de l’abbatiale avec l’exposition Étendu. Ses lavis d’encre de chine sur papiers de grand format sont exposés à l’horizontal autour de l’autel en regard des gisants Plantagenêt.

Les corps allongés, planent autour de l’autel tandis que des créations en noir et blanc viennent s’immiscer dans les niches et les aspérités de l’architecture. C’est avec générosité que Françoise Pétrovitch déploie dans le chœur de l’abbatiale un ensemble de dessins originaux réalisés pour l’Abbaye Royale de Fontevraud. Immenses ou plus petits, voire minuscules, ils font corps avec les pierres millénaires. Les encres qu’elle a posées abreuvent le papier qui respire alors et sculpte un univers de figures sublimes qu’il vous appartient désormais de découvrir parmi les œuvres du parcours d’art d’un été à Fontevraud.

L’état de semi-conscience qui caractérise les gisants Plantagenêt, encore considérés dans l’attente du jugement dernier, fait un écho saisissant au travail de Françoise Pétrovitch. Ses grandes figures allongées, qu’elle appelle les Étendus, semblent elles aussi flotter dans un espace interminé. Une sorte de torpeur qui définit un état sur le seuil. La légèreté grave qui est ici convoquée par l’artiste évoque un temps suspendu qui est aussi celui des gisants.

Les quatre gisants sont des sculptures polychromes sur lesquelles on peut admirer la virtuosité des corps et des drapés. Le caractère tragique de ces couvercles de sarcophages est amoindri par leur aspect esthétique. Cette ambiguïté entre drame et beauté est inhérente au travail de Françoise Pétrovitch dont les œuvres sont traversées d’un éclat amer.

D’autres motifs viennent s’insérer dans les alcôves et autres pierres manquantes des chapelles rayonnantes du déambulatoire. Le corps, entier ou fragmenté, personnifié ou animal, suggère l’apparition onirique de créatures à travers la peau de la pierre de tuffeau.