La Bibliothèque nationale de France met en lumière le travail de Françoise Pétrovitch, à travers une exposition dédiée à son oeuvre graphique et imprimé. Cette figure montante de la scène artistique contemporaine est présente depuis plusieurs années dans les collections de la BnF, qui conserve un fonds exceptionnel de quelques millions d’estampes, des origines jusqu’au XXIe siècle. Depuis ses premières gravures à la fin des années 80 jusqu’aux recherches les plus récentes, l’oeuvre protéiforme de Françoise Pétrovitch questionne avec autant de subtilité que d’acuité l’univers de l’enfance et de l’adolescence, la féminité ou encore l’intimité ; naviguant entre intériorité et extériorité, inquiétude et légèreté, force et fragilité, l’artiste interroge les façons d’être au monde. Son trait singulier sillonne l’entre-deux et raconte la dualité des existences. La BnF présente une centaine de pièces emblématiques de son oeuvre graphique : estampes, livres d’artistes, dessins et croquis, oeuvres anciennes ou très récentes, parfois inédites, de formats et de techniques variés.

Cette exposition inaugure un partenariat fort avec le Fonds Hélène & Edouard Leclerc, qui présentera dans ce contexte une rétrospective du travail de Françoise Pétrovitch à Landerneau (29), à l’hiver 2021. Les deux institutions affirment ainsi leur volonté de s’engager conjointement dans la valorisation et la promotion de l’estampe contemporaine et des artistes qui la font vivre, en lien avec leurs collections et leurs missions respectives.

L’estampe, au coeur du travail de création
Aux côtés du dessin, de la sculpture, de la céramique et de la peinture, l’estampe constitue un espace de recherche essentiel dans la pratique de Françoise Pétrovitch. Reconnue pour sa maîtrise de toutes les ressources des procédés d’impression, elle a été invitée, dans le cadre de la commande publique, à créer des gravures chez des imprimeurs de renom, pour la Chalcographie du Louvre, le Centre national des arts plastiques ou encore le MAC/VAL. Enseignante à l’école supérieure Estienne de Paris, Françoise Pétrovitch a été récemment exposée à la Galerie des enfants du Centre Pompidou avec l’installation interactive Passer à travers.

Un univers singulier entre angoisse et merveilleux
L’exposition présente près de 75 estampes : gravures, sérigraphies, lithographies et 16 livres d’artiste réalisés par Françoise Pétrovitch, oeuvres de formats modestes ou monumentaux, anciennes ou récentes, inédites parfois. Elle les met en dialogue, dans un jeu d’associations et de contrepoints, avec une quinzaine de céramiques et de grands dessins fluides au lavis d’encre, révélant les motifs récurrents dans le travail de l’artiste. Figures humaines et animales, formes hybrides, fragments, changements d’échelle et cadrages audacieux, subtilité des couleurs et des transparences composent un univers marqué par la dualité dans lequel cohabitent humour et gravité, force et vulnérabilité, angoisse et merveilleux.

Une artiste face au monde
Le parcours de visite est construit autour de trois atmosphères évoquant trois attitudes face au monde. Derrière les paupières ouvre l’exposition sur les images d’une intériorité silencieuse et hors du temps, les figures aux yeux clos ou masqués et les paysages imaginaires des séries des Nocturnes, des Sommeils ou des Iles. Dans Tout s’y passe à l’envers, un joyeux rassemblement d’estampes et de céramiques suggère, entre provocation et pudeur, l’incertain, l’ambivalence, les tensions entre rêve et réalité qui caractérisent l’adolescence, cet entre-deux entre l’enfance et l’âge adulte. Les éditions, livres et estampes regroupées dans Entendre les bruits du monde évoquent enfin une relation à l’autre volontaire, en prise sur l’actualité. Le rapport à la réalité se construit dans l’échange, s’exprime par les mots, ceux des auteurs dont les textes accompagnent les dessins de l’artiste, ceux imprimés sur les pages de cahiers d’écoliers réemployées en gravure, ceux entendus à la radio que restituent les croquis saisis sur le vif de Radio Pétrovitch.

Commissaire d'exposition : Cécile Pocheau-Lesteven