« Cette exposition éphémère rassemble des artistes qui cultivent des racines d’ici ou loin de là, qu’ils se réclament de leurs origines ou qu’ils les laissent en sourdine, ils ont en commun d’envisager poétiquement le monde globalisé, malax-ant leurs identités multiples, remodelant à loisir leurs cultures doubles ou triples, et se jouant des distances, qu’elles soient physiques ou métaphoriques ».

Avec Voyage, Voyage, le commissaire Mehdi-Georges Lahlou pousse plus avant sa recherche autour de la notion de déplacement et explore désormais la notion beaucoup plus vaste et holiste de… Voyage. Périple, traversée, randonnée, pèlerinage, évasion, road rip, tournée… l’idée de voyage prend de multiples facettes jusqu’à celle d’initiatique. Que le voyage soit physique, sensoriel, spirituels voire tout à la fois, il y a intrinsèquement ancré dans la notion de « voyage » celle d’ascension.

Une ascension – tant horizontale que verticale - qui a à voir avec le dépassement de soi. Une appréhension - dans son acception d’apprentissage et de compréhension, un passage de la relation que nous avons au voyage à celle de conscience de la relation au monde. Ce dépassement, ce déplacement nous permet d’accéder à un état de conscience autre, dif-férent, qui nous transcende. Il nous donne matière à réfléchir, à penser, à ressentir.

Ainsi Yassine Balbzioui et Myriam Mechita, abordent tous les deux la notion de voyage mental à travers la création de mondes entre réalité et imaginaire tout droit sortis de leurs esprits prolifiques.

Voyage vers l’au-delà ? Louisa Babari s’intéresse à la question du Voyage de la vie vers la mort et de facto au retour à l’enfance.

Aborder les migrations humaines, le déplacement en masse, en montrant métaphoriquement la migration d’oiseaux, c’est un geste d’Halida Boughriet.

Voyageons sous l’eau en compagnie de Nicolas Floc’h. L’artiste a entrepris de capturer l’état des paysages sous-marins en suivant les 162 Kilomètres de côte du Parc National des Calanques (Marseille, France). Il travaille ainsi la notion de l’invisible.

Voyager et s’intéresser à comment assimiler une autre culture tout en restant observateur, c’est ce qu’a entamé en 2019 Antonin Gerson lors d’une résidence d’artiste à Marrakech (Maroc).

Chercher sa place, voire la trouver, n’est-ce pas à cela qu’aspirent ceux et celles qui entament toute traversée ? Gabriel Moraes Aquino aborde quant à lui la question de l’exotisme qui le « perturbe » depuis son arrivée en France venu de son Brésil natal. Gabriel Moraes Aquino comme Lê Hoàng Nguyên, tous deux traitent le voyage identitaire via leurs propres déracinements et leurs souvenirs par l’objet.

Comme un voyage dans les dimensions d’une picturalité entre écran et tableau, les œuvres de Pascale Rémita explorent les épaisseurs et les compositions de l’image tel un montage vidéo généralisé. Ses peintures tout en textures cotonneuses, veloutées, nuageuses, vous font l’effet d’un voyage à tâtons à travers un paysage flou.

Même si la parole devient incertaine. Même si l’indicible, alors, prend parfois le dessus. Raphaëlle Ricol nous interroge en nous emmenant dans un monde où la parole est difficilement audible.

Moffat Takawida aborde la question de nos traces, du voyage des matériaux et de leur devenir. Il nous offre un nouveau récit où sa matière nous invite à repenser ce qui reste de nous, ce qui reste derrière nous.

Une autre frontière ! Celle à travers laquelle voyagent des marchandises de contrebande et donc transitent des enjeux économiques et sociaux. C’est ce sujet qu’aborde Randa Maroufi. L’artiste a pris l’enclave espagnole sur le sol marocain de Ceuta comme terrain d’observation. Ce lieu est le théâtre d’un trafic de biens manufacturés et vendus au rabais.

Artistes : YASSINE BALBZIOUI, MYRIAM MECHITA, LOUISA BABARI, HALIDA BOUGHRIET, NICOLAS FLOC’H, ANTONIN GERSON, GABRIEL MORAES AQUINO, LÊ HOÀNG NGUYÊN, PASCALE RÉMITA, RAPHAËLLE RICOL, KATIA KAMELI, MOFFAT TAKAWIDA, RANDA MAROUFI

Curateur : Mehdi-Georges Lahlou