Abraham Poincheval, né en 1972 s’est notamment rendu célèbre avec des œuvres qui mettaient à l’épreuve ses limites psychiques et corporelles sur un temps très long, jusqu’à une semaine, dans des endroits exigus (par exemple Pierre au Palais de Tokyo en 2017). Son admiration pour l’œuvre de Hans Hartung est immense et, dit-il, les hallucinations provoquées par certaines de ses expériences d’isolement s’apparentent aux toiles des années 1970 ou 1980 du peintre franco-allemand. Aussi la Fondation Hartung-Bergman, en collaboration avec la galerie Semiose, invite-t-elle Abraham Poincheval à s’immobiliser dans une sculpture inédite, mimétique de sa propre enveloppe corporelle, dans laquelle il a sous les yeux, en continu, sept jours entiers durant, une seule et même œuvre de Hans Hartung. L’artiste ne la découvrira qu’au moment d’entrer en performance.

Le tableau de Hartung deviendra par conséquent, dans l’histoire de l’art, l’œuvre la plus longtemps observée de façon continue par un individu, là où la durée moyenne de présence d’un spectateur devant un objet de musée n’excède pas une minute… Le temps de création parfois très court d’une œuvre de Hartung sera ainsi transcendé par un temps de regard extraordinairement long.

La sculpture qui sera fabriquée pour faire l’expérience d’un confinement avec Hartung restera visible par le public pendant la durée de l’exposition.

Avec l’aide de chercheurs en sciences une analyse sera tentée de  l’ « expérience esthétique » que vit Abraham Poincheval ainsi que ses états de conscience modifiés devant la toile. Il sera possible d’enregistrer l’activité cérébrale d’Abraham Poincheval grâce à une étude electroencéphalographique et s’ensuivra une conférence le 1er juillet à la galerie Perrotin sur la « perception de l’art » mêlant des sciences humaines et neurosciences, en sollicitant en particulier Thomas Rabeyron (psychologue clinicien et professeur de psychologie clinique et psychopathologie à l’université de Lorraine), Sylvie Royant-Parola (médecin psychiatre spécialiste du sommeil) et le psychiatre Yves Sarfati (Professeur des universités à l’Université de Paris) d’une part, les historiens de l’art Laurence Bertrand Dorléac (Professeur à Sciences-Po Paris) et Pierre Wat (Professeur des universités à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne) d’autre part. Par ailleurs, la fondation Hartung-Bergman organisera un séminaire sur la performance pendant l’été.

La réalisation de la sculpture est assurée par l’agence « Pièces Montées », collaborateur récurrent d’Abraham Poincheval. Ce projet est organisé avec le soutien de la Chaire Arts & Sciences de l’École polytechnique, l’École des Arts Décoratifs-PSL et la Fondation Carasso. Avec le soutien de Compumedics.