À l’inverse de ce qu’un rapide regard pourrait donner à percevoir des œuvres de Hippolyte Hentgen – disons leur virtuosité –, ce qui frappe, lorsqu’on les examine attentivement, c’est leur ambition : une singulière utopie visuelle, fondée sur un désir de partage d’images précieusement collectées. Les sources graphiques, venues pour la plupart de la culture dite populaire (cartoon, dessins d’humour, motifs abstractisants de tissus ou de papiers peints, documents de vulgarisation scientifique, cartes postales illustrées), ont une vertu performative assurément exploitées avec brio par Hippolyte Hentgen, mais leur entreprise apparaît d’une autre nature que le collage, le photomontage ou le détournement tels qu’ils ont été abondamment pratiqués depuis plus d’un siècle. Ce à quoi nous assistons avec Hippolyte Hentgen ressemble davantage à une sorte de créolisation des images, comme on le dit d’une langue.

Arnaud Labelle-Rojoux