Nées en 1977 et 1980, Gaëlle Hippolyte et Lina Hentgen vivent et travaillent à Paris. Associées dans le personnage de fiction qu’est Hippolyte Hentgen, Lina Hentgen et Gaëlle Hippolyte effacent leurs individualités au profit de cette entité créatrice tierce.

Hippolyte Hentgen a donc conçu pour le Château d’Eau une installation intitulée B-R-E-E-K et qui mêle dessin, collage, couture et vidéo. Ce titre renvoie à la fois au comic strip Krazy Kat (1913-1944) de George Herriman et à la célèbre brique rose de Toulouse dans laquelle est construit le Château d’eau.

Au rez-de-chaussée, un ensemble de treize tentures épouse la rotondité du lieu en recouvrant la quasi-totalité de sa paroi. Par sa souplesse, le tissu est ici le médium idéal. Patchwork de tissus d’ameublement de seconde main et de tissus imprimés de motifs provenant de l’iconographie caractéristique de l’artiste, ces tentures présentent un panorama de jets de briques, sous une forme proche de la bande dessinée de référence.

Au sous-sol, une proposition vidéographique The Hound and the Rabbit montre un dessin animé de Rudolf Ising (1937), retravaillé à l’encre sur pellicule 16 mm, puis numérisé (6’55). Il s’agit, comme souvent dans ce genre, d’une course poursuite entre deux animaux. La bande-son se divise en trois plans, avec des bruits parasites isolés d’abord, des sons identifiables au cartoon d’origine ensuite, des sons abstraits, enfin, obtenus par déformation des sons originaux et rendus ainsi méconnaissables.
Aussi inspirée par l’art contemporain que par la culture populaire, cette œuvre d’Hippolyte Hentgen détourne et renouvelle avec humour un mythe comique ancré dans la mémoire collective.