L’artiste italien Salvatore Arancio (né en 1974, vit et travaille à Londres) met en tension le potentiel des images. Utilisant autant la photogravure, le collage, la sculpture que la vidéo, il s’inspire de la nature et de la science pour mieux les sublimer et créer des paysages, à la fois inquiétants et évocateurs.

Au Centre d’art contemporain La Halle des bouchers, Salvatore Arancio présente un ensemble de sculptures en céramique inspirées par le phénomène des arbres de lave – phénomène géologique que l’on retrouve sur les îles d’Hawaï, où des arbres ont été figés par de la lave en fusion au XVIIIe siècle. Rappelant à la fois des rochers colorés ou des champignons étranges, ces sculptures marquent l’intérêt de l’artiste pour le biomorphisme, ainsi qu’un attrait pour la mycologie que l’on retrouve dans un ensemble de grands panneaux reproduisant des illustrations d’ouvrages scientifiques sur les champignons.

En décontextualisant de telles formes, Salvatore Arancio met l’accent sur l’étrangeté et le pouvoir évocateur de ces éléments naturels qui peuvent autant rappeler des symboles phalliques que des signes ésotériques. Il intervient ainsi sur la vitrine du centre d’art en proposant une composition colorée réalisée à partir du dodécaèdre gallo-romain présent dans les collections des Musées de Vienne. On retrouve cette fascination de l’artiste pour les formes géométriques dans la vidéo We are a way to know itself (2009), montage de séquences issues des émissions de vulgarisation scientifique conçues par le chercheur et astronome américain Carl Sagan. Entremêlant une imagerie à la fois rétro-futuriste et visionnaire, ce film est à l’image de la recherche que mène Salvatore Arancio, qui convoque à la fois science et mysticisme. L’artiste met ainsi en place une classification décalée, une nouvelle taxonomie des sens et des formes.