La galerie Semiose est heureuse de présenter une nouvelle exposition de Sébastien Gouju, dont la production a été réalisée dans le cadre du programme de Résidence d’artistes de la Fondation d’entreprise Hermès, sous le marrainage de Françoise Pétrovitch.      

D’octobre 2018 à mars 2019, l’artiste a produit auprès des artisans maroquiniers de la Ganterie de Saint-Junien (Limousin), l’une de ses œuvres les plus ambitieuses à ce jour : des sculptures en cuir d’agneau noir, reproduisant diverses plantes de grande envergure. Dans le prolongement de ses œuvres antérieures où le matériau et le sujet forment un hiatus heureux et caustique, ici le cuir d’agneau doux et souple mime le végétal délicat, tandis que les stéréotypes du cuir noir – bad boys, rock et SM – sont contredits par l’innocence d’une simple plante.
Les œuvres s’intitulent Contre-jour en référence aux palmiers noirs des cartes postales, saisis en contre-jour dans le soleil couchant de plages paradisiaques. Ce jardin d’Eden crépusculaire souffle à l’artiste quelques oxymores poétiques empruntés à Baudelaire ou Verlaine, « beauté interlope », « soleil agonisant » brillant d’une « splendeur triste ». L’esprit romantique et décadent – celui qui aime les fleurs artificielles en tissus, les parfums lourds et précieux, les atmosphères spectrales – infuse dans l’œuvre jusqu’aux socles peints qui semblent flotter au-dessus du sol.
Assemblée uniquement à partir de pièces de cuir non-exploitables pour la ganterie et dans une confusion entretenue entre cuir végétal et « végétal en cuir », ces nouvelles sculptures confirment Sébastien Gouju dans ses stratégies éprouvées de déplacement et de détournement, signées ici de la plus luxueuse façon.