L’assiette en carton a été inventée en 1867 par le relieur allemand Hermann Henschel, et avec elle, les normes d’hygiène ont pu progresser tout au long du XXe siècle. En 1948, McDonald’s a rouvert ses restaurants, ne servant plus les repas avec assiettes et couverts traditionnels, mais avec des emballages jetables. Soixante-douze ans plus tard, la restauration rapide et les plats à emporter représentent une part importante des matériaux qui finissent dans les décharges et polluent certaines des zones les plus reculées de notre planète.  Aussi fragiles que soient un gobelet ou un seau en carton, ils n’en restent pas moins des souvenirs précieux pour de nombreux collectionneurs qui développent une véritable obsession autour de ces objets à usage unique, de leur design, de leur marque et de leur histoire.
Compte-tenu de l’amour de Thomas Mailaender pour le design et pour l’archivage, il n’est pas surprenant qu’il combine ses deux passions en une seule série, sobrement intitulée « Lamps ». Fabriquées avec des gobelets en carton vintages de fast-food en guise d’abat-jour et un piètement en acier, cette série de lampes de table et de lampadaires forme une archéologie de notre époque  moderne. Dans un débridé mélange de high and low culture, ces objets  rapprochent les influences du design français du XXe siècle du meilleur goût, tel Jean Royère ou Maison Jansen, avec des boîtes de Chicken McNuggets et des seaux KFC. Soit la synthèse d’éléments en apparence opposés – en apparence, seulement. 

Connu pour son utilisation d’un large éventail de médiums, dont la céramique, le cyanotype, la photographie et le collage, Thomas Mailaender (né à Marseille en 1979, vit et travaille à Paris) incorpore souvent des images et des objets trouvés dans ses œuvres, remettant au goût du jour des procédés photographiques obsolètes, en parfait touche-à-tout et archéologue du temps présent. 
Collectionneur et archiviste, il a rassemblé une importante collection – « The Fun Archaeology » – dont les documents mettent en évidence l’absurdité même de leurs sujets, la richesse vernaculaire de leur langage et leur poésie accidentelle. 

Parmi les récentes expositions personnelles de Thomas Mailaender, citons  notamment sa première rétrospective dans un musée européen, « The Fun Archive » au NRWForum de Düsseldorf (2017). Ses œuvres ont fait partie  d’expositions collectives et individuelles dans d’importantes institutions  artistiques, foires et manifestations internationales, comme le MOMA de San Francisco (« Don’t ! Photography » et « Art of Mistakes » organisé par  Clément Chéroux en 2019), la Saatchi Gallery de Londres (« Iconoclast »), la Tate Modern de Londres (« Performing For The Camera »), le Palais de Tokyo à Paris (« Do Disturb »), les Rencontres d’Arles (« From Here On »). De nombreux livres d’artistes ont été publiés sur le travail de Mailaender et son Illustrated People (publié par AMC / RVB books) a reçu le prix du livre de photos de l’année lors de l’édition 2015 des Aperture Foundation PhotoBook Awards. En 2016, il a été résident de la résidence LVMH Métiers d’Art aux Tanneries Roux pour son projet « Skin Memories ». Son travail de curateur comprend « Hara Kiri » (Rencontres d’Arles 2016), « Night Climbers of Cambridge » (Festival Images, Vevey 2015) et « Photo Pleasure Palace » avec Erik Kessels (Unseen,  Amsterdam, 2017), avec qui il collabore régulièrement sur des projets fortement orientés vers la question de la réappropriation de l’image.