Au début du siècle dernier à Paris, Zadkine est l’un des artistes qui inventent, en se tournant vers le « primitif », un nouveau langage sculptural. La radicalité de son œuvre témoigne alors, bien au-delà de recherches formelles, d’une défiance envers la civilisation moderne et ses valeurs. « L’Âme primitive » met en regard et en perspective les œuvres d’Ossip Zadkine et de quelques artistes de son temps avec celles d’une sélection d’artistes vivants et de la deuxième moitié du XXe siècle dont la création puise aux mêmes sources, emprunte les mêmes questionnements. Près de cent œuvres sont réunies en un parcours embrassant l’ensemble des espaces du musée Zadkine : sculptures, peintures, arts graphiques et vidéos, - prêts exceptionnels d’institutions publiques, de collectionneurs, de galeries, d’artistes contemporains - dont certaines productions seront montrées pour la première fois.

Dans le geste de l’artisan, dans la foi du sculpteur roman, dans la naïveté des peintres d’enseigne de sa Russie natale, Zadkine voit non pas un défaut de connaissance ou de technique, mais l’exemple, disparu ou menacé, d’un lien vrai au monde. C’est par le chant de cette « âme primitive » que l’œuvre de Zadkine dialogue dans l’exposition, avec ceux de ses contemporains qui se revendiquent sauvages, fauves, néo-primitivistes ; mais aussi, si intimement, avec ceux qui aujourd’hui continuent de chercher à exprimer « la palpitation de la vie humaine bouleversée par le tragique ». En dehors de toute prétention exhaustive, l’exposition se présente comme une déambulation ouverte, rythmée par trois thématiques principales et de multiples échanges entre les œuvres, modernes et contemporaines. Introduit par une première section qui tend à désamorcer et renverser le concept de « primitif », le parcours se poursuit par deux chapitres complémentaires, consacrés à deux motifs importants pour le primitivisme : le corps et la demeure. Le corps, le visage, et la manière dont ils s’expriment et communiquent avec le monde, fascinent les artistes, d’Auguste Rodin à Miriam Cahn, en passant par Marisa Merz. La demeure fait pendant à ce souffle vital, en tant qu’abri physique et mental, lieu de vie et de réflexion.

Commissariat : Jeanne Brun, conservatrice en chef du patrimoine, directrice du développement culturel et du musée de la BnF Claire Le Restif, directrice du Centre d'art contemporain d'Ivry-le-Crédac Avec la collaboration de Pauline Créteur, attachée de conservation au musée Zadkine