L’attachement de l’artiste à l’archive et aux sources documentaires qui nourrissent sa pratique est le fil rouge qui lie les œuvres présentées dans l’exposition.

Si on pouvait dévoiler une partie de son atelier à Brooklyn, celui-ci serait recouvert d’images en noir et blanc tirées de livres d’histoire de l’art, accrochées à côté de fragments de photographies de peintures de la Renaissance ou d’images qui relèvent de sa vie personnelle. Parmi celles-ci, on trouve des clichés ou des portraits de sa communauté d’ami·es et d’artistes, les photographies tirées de l’archive de son oncle, des fragments de motifs de bestiaires du Moyen âge ou de tapisseries anciennes.

Le travail d’Anthony Cudahy est riche en références à l’histoire et à l’histoire de l’art ce qui n’empêche pas l’artiste d’être aussi un dramaturge de l’ordinaire. Ses œuvres sont des allégories qui mettent en scène la sphère de l’intime : solitude, désir et érotisme, la vie et la mort. Fleurs mythiques ou transfigurées, des visages, des corps, les étreintes, le sexe ; toute scène est figée dans des couleurs vives et vibrantes.

La nouvelle série de grands dessins qui donne le titre à l’exposition est présentée ici pour la première fois. Crayons de couleur et lavis de couleurs acryliques, plongent les scènes dans une dimension suspendue et onirique où se fondent le temps de l’humain et celui du mythe, le temps de la rêverie et celui de l’histoire, le temps de la tendresse et celui de l’intime. «Comme la nuit a besoin du matin» évoque aussi la notion d’un temps cyclique et l’opposition jour et nuit, lumière et obscurité. Midnight walker, Dawn walker – explorateur·ices du noir ou de l’aurore - nous sommes plongé·es dans une oscillation permanente entre l’aube et la profondeur de la nuit, dans un mouvement et une dualité qui se traduisent aussi dans la scénographie de l’exposition. 

Une vidéo inédite composée d’images et d’enregistrements de l’archive de l’artiste fait écho aux 65 éditions et microéditions rassemblées pour la première fois – fanzines, publications, microéditions – réalisés par l’artiste. Une iconographie queer, les images d’archives de la communauté gay new-yorkaise des années 1980 ou des photographies de sa collection personnelle sont parmi les sources qui nourrissent la pratique d’Anthony Cudahy, où fiction et réalité dialoguent en permanence. 

Un poster inédit et une publication conçue par l’artiste et publiés par Semiose Éditions viennent compléter ce projet d’exposition.

Commissaire d’exposition : Alessandra Prandin